Les sans-voix littéraires : une étude des subalternes et des narrataires dans L’Immoraliste et Les Caves du Vatican d’André Gide.
Summary
Dans cette étude, nous analysons la position et la fonction des personnages subalternes et des narrataires dans deux livres d'André Gide: L'Immoraliste (1902) et Les Caves du Vatican (1914). À notre avis, ces concepts présentent un certain nombre d'analogies: les deux se trouvent dans une situation subordonnée et la 'permission de narrer' leur manque. L'analyse des livres montre que les narrateurs ont plus de pouvoir que les personnages subalternes (les garçons arabes dans L'Immoraliste et Beppo dans Les Caves du Vatican) et les narrataires (entre autres les amis de Michel et le 'narrataire comme lecteur potentiel'). Le plus souvent, les subalternes et les narrataires n'ont pas de voix et ils n'importent que dans la mesure où ils remplissent une fonction pour le narrateur ou pour un personnage dominant. Outre ces problèmes de représentation et d'instrumentalisation, la liberté semble aussi jouer un rôle important dans la caractérisation du subalterne et du narrataire gidien. Cette liberté - ou disponibilité- permet à Lafcadio, protagoniste des Caves du Vatican, d'échapper à la position de sans-voix littéraire.