Le Carthage de Flaubert. La représentation de l'identité de l'Autre dans Salammbô
Summary
Cette recherche vise à examiner la façon dont est décrite l’identité des Carthaginois dans le roman historique Salammbô de Gustave Flaubert, publié en 1862, à partir d’une vision occidentale sur les cultures orientales. Ainsi, cette formation d’identité est à critiquer en raison du discours colonial porté par son auteur, au moins selon la théorie d’Edward Saïd sur l’Orientalisme. De plus, selon l’idée de l’altérité, une distinction entre le Nôtre t l’Autre est faite. En outre, selon les structuralistes la façon de décrire une culture qui nous est étrangère dit le plus souvent autant sur la nôtre. La particularité du roman de Flaubert se trouve dans la présence de deux Autres : d’une part les Carthaginois, d’autre part les Mercenaires qui se révoltent contre eux dans une guerre cruelle. L’élément-clé est la comparaison des deux identités, renforcée par la relation amoureuse entre les deux représentants de ces deux groupes : Salammbô et Mâtho, ce dernier souvent nommé « le roi des Barbares ». Ainsi, nous avons affaire à une double altérité, deux Autres, les Carthaginois qui ont l’air le plus « normal » et les Mercenaires qui sont les « Barbares » : il en résulte une dynamique compliquée. Afin de comprendre comment cette vision est construite, nous étudions les sources souvent occidentales de Flaubert. Il devient de plus en plus clair que la conception occidentale ne se trouve pas forcément dans les sources, mais plutôt dans l’imagination de l’auteur qui est fortement influencée par son voyage à Carthage et par la société dans laquelle il vivait, un XIXe siècle de nationalisme où le colonialisme français était à son apogée, tout comme le développement de nouvelles sciences. Alors que Flaubert désapprouve ce nationalisme de ses contemporains, l’influence de son époque est à ne pas nier.