"Mais je sais aussi que tout cela aura une fin." Comment la figure de Tituba nous incite-t-elle à repenser la condition précaire contemporaine?
Summary
Dans ce mémoire le roman Moi, Tituba sorcière..., paru en 1986 et écrit par Maryse Condé,
est analysé. Le livre fictionnel de Condé est basé sur l’histoire du personnage historique de
Tituba. Ce mémoire vise à rechercher comment la figure de Tituba nous incite à repenser la
condition précaire contemporaine. Le sujet de la précarité est central dans notre recherche
parce qu’à raison d’une triple altérité (sa race, son genre et le fait qu’elle était considérée
comme « sorcière ») elle subit de la violence et vit une vie précaire. À partir des théories de
Judith Butler (qui parle des « frames », l’interdépendance et de la pleurabilité) et Gayatri
Spivak (qui se concentre sur la position du subalterne) nous avons créé une base pour pouvoir
analyser à l’aide d’extraits du roman comment la figure de Tituba se révolte contre les règles
et les normes de son époque, comment elle construit son identité malgré la domination et
quel est le rapport entre fiction et fait dans ce récit de soi. Il s’est avéré que Tituba ne répond
pas aux normes qui qualifient une vie comme une vraie vie. La violence et la domination
qu’elle subit au cours de sa vie sont expliquées par le fait que sa vie compte moins, est moins
pleurable, qu’une vie blanche ou une vie d’un homme. Malgré la violence et la domination
Tituba est capable de construire sa propre identité. En parlant et en refusant l’altérité qui lui
est imposée, elle se révolte contre l’ordre établi. L’histoire de Tituba est un récit de soi et l’acte
de parler constitue déjà un acte de révolte car elle ne pouvait pas parler à cause de son rôle
de subalterne. Maryse Condé a mêlé fait et fiction dans son roman en utilisant des faits
historiques sur Tituba, mais en même temps elle donne sa propre interprétation de l’histoire
de Tituba. Cette interprétation de Maryse Condé offre par la figure de Tituba une source
d’inspiration et de soutien pour ceux qui sont aujourd’hui impliqués dans la lutte politique ou
ceux qui vivent dans la précarité.