Le français et le soussou en Guinée : usage et attitudes
Summary
Les habitants d’un pays européen sont habitués au fait qu’ils puissent utiliser leur langue maternelle dans chaque contexte de la vie quotidienne, mais en Afrique la situation est totalement différente et le multilinguisme est la réalité. La Guinée, ayant une langue officielle et différentes langues nationales et véhiculaires, connaît une situation linguistique très diverse. À part des langues nationales et véhiculaires qui jouent un grand rôle dans la communication, le français est depuis la colonisation une des langues les plus importantes de la Guinée, et il est même devenu la langue officielle depuis cette époque-là. Dans cette recherche, nous regardons de plus près le soussou (une des langues nationales) et le français (la langue officielle). A l’aide d’un questionnaire, nous avons examiné le choix des langues (adopter le soussou ou le français dans une situation donnée) et l’attitude linguistique envers ces langues en Guinée, pour comprendre dans quelle mesure ces attitudes linguistiques peuvent être liées à la distribution sociolinguistique des deux langues du pays. Il s’avère que le français et le soussou sont souvent en distribution complémentaire quant à leur usage et qu’il y a une relation entre l’usage de ces deux langues et les attitudes linguistiques des Guinéens envers respectivement le soussou et le français. Le français est utilisé pour les domaines plus ou moins formels et cette langue est en même temps mieux valorisé pour ces domaines. Pour les domaines plus au moins informels, l’inverse se manifeste : le soussou est utilisé surtout dans les domaines moins formels et les Guinéens ont une plus grande affection pour le soussou que pour le français et en même temps, le soussou s’avère plus lié à l’identité personnelle et nationale des locuteurs que le français.