dc.description.abstract | Ce mémoire a pour but de révéler les jeux politiques de Hugues Falcand qui se cachent sous la surface de son Liber Regno Sicilie. L'œuvre décrit les intrigues présentes à l’époque de la cour royale normande et donne une vue unique sur les personnages de la cour palermitaine du XIIème siècle. Les Normands sont des descendants de « vikings », qui étaient connus pour leurs nombreuses extensions territoriales. La famille normande De Hauteville a réussi à établir un royaume en Sicile qui dépassait de loin un simple contrôle du territoire. La famille s’est intégrée à la société et a eu quatre générations de domination normande. Cependant, sous les règnes de Guillaume Ier (1154 à 1166) et Guillaume II (1166 à 1169), le royaume se trouva face à des nobles rebelles, en désaccord sur la répartition du pouvoir. C'est dans cette période que le Liber Regno Sicilie ouvre son histoire.
Sur la base des analyses narratives et discursives nous avons révélé des particularités dans le texte à propos du récit et du thème de l’auteur. Ces particularités ont ouvert une partie du message politique de Falcand : la Sicile a besoin d'un roi fort, qui sait quand imposer son régime avec un comportement tyrannique et surtout, quand ne pas l’imposer. L'auteur du LRS avise le lecteur que les dangers de conflits entre les grands hommes de la Sicile et leur égoïsme nécessitent un gouvernement sévère pour les réprimer et maintenir la paix. Cependant, ce n'est pas une carte blanche pour le gouvernement de faire ce qu'il veut : les grands hommes sont également liés par les lois du royaume. Et quand ils ne suivent pas les lois, le peuple a droit à la rébellion.
Bien que les règnes de Guillaume Ier et II soient décrites avec un point de vue négatif, l'auteur décrit également le côté positif de la famille royale : les rois Roger. Ils sont les bons rois et ont apporté la paix au royaume. L'auteur fait une distinction générale entre les différents rois et implicitement nous voyons une préférence subtile au règne de Tancrède : petit-fils de Roger II, fils d'un Roger et père de Roger III. Cependant, cette préférence ne prend pas la forme d’un travail de propagande, mais devrait plutôt être perçue comme une « laus civitatis » persuasive, dans laquelle l’intérêt du lecteur et de l’écrivain sont tous les deux conservés. L'auteur appelle le peuple de la Sicile à penser par lui-même et à agir à l'unisson contre l'invasion de l'Empire allemand.
Quant à l'identité de l'auteur, à partir des données de l'analyse, nous pouvons rayer certains noms et prêter attention à d'autres qui ont été proposés par les chercheurs comme identité de l'auteur. Deux candidats semblent correspondre aux critères proposés dans ce mémoire : l'abbé de Saint-Denis, Hugues Foucaud, ou le frère de l'écrivain français Pierre de Blois, Guillaume de Blois. | |