(Dé)construire le roman "beur" Débats autour des ouvrages de Mehdi Charef, Rachid Djaïdani et Mohamed Razane

Abstract

Dans les années quatre-vingt, un certain nombre d’auteurs d’origine maghrébine ont significativement investi la scène littéraire française. Ces auteurs ayant quitté leur pays natal se sont mis à écrire au sujet de questions devenues cruciales dans leurs vies, telles que les questions identitaires, la vie en banlieue ainsi que la vie ordinaire des immigrés et les problèmes d’appartenance communautaire. Les médias, les institutions culturelles et les critiques ont eu tôt fait d’identifier une nouvelle littérature « beur », terme en verlan pour désigner un corpus « arabe ». Ce terme fut pourtant contesté par les auteurs concernés, mais aussi par un grand nombre de critiques littéraires. Ces auteurs labellisés « beurs » quant à leur origine et quant aux sujets de leurs récits ont à la fois profité d’une institutionnalisation de leur corpus tout en refusant une quelconque assignation identitaire. Ils ont ainsi fédéré autour d’eux un contre-mouvement littéraire capable de dénoncer les mécanismes discriminants de la légitimation culturelle française et de la reconnaissance sociale. Ce mémoire étudie l’émergence du label « beur » et analyse les thématiques des ouvrages de Mehdi Charef, Rachid Djaïdani et Mohamed Razane. Le point de vue est à la fois historique et contextuel puis discursif et socio-pragmatique.